Soif, Amélie Nothomb, Albin Michel

Le titre évoque-t-il les dernières paroles du Christ sur la croix ? Ou plus subtilement les premiers mots du Gargentua de Rabelais ? Car  le Jésus d'Amélie Nothomb est, sous son écorce, humainement très charnel, capable de mépris (p12), de colère (p62), amant de Marie-Madeleine (p58) et amoureux de Véronique (p78)...

Bonne idée de s'imaginer à la place du Christ en croix ! C'était osé ! Comme elle est romancière et non théologienne cela devient une fiction délirante ne suscitant pas la foi, mais le doute...Doute sur la divinité de Jésus qui ne croit ni en lui ni en la rédemption, ni au Diable, ni à l'enfer. Doute aussi sur les évangiles (p114,115...) et même sur Dieu,"dépassé par sa créature et ne pouvant la comprendre puisqu'Il n'a pas de corps" (p104) CQFD !

Ainsi l'auteur jongle talentueusement avec les idées plus ou moins creuses et les sophismes; avec de bons passages sur l'analyse de la soif et du souffle (p146)

Bref ne cherchez pas dans ce livre un cinquième évangile avec un Jésus-Dieu, mais plutôt un Jésus fake news platement humain et amputé d'amour.

Si vous cherchez une réflexion littéraire sur la Passion tournez-vous plutôt vers le "Juda" de Pagnol ou "l'Evangile selon Pilate" de E-E Schmitt

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