La Machine révolutionnaire, oeuvres, Auguste Cochin. éd Tallandier

La Machine révolutionnaire, oeuvres, Auguste Cochin. éd Tallandier

Augustin Cochin, étudiant la Révolution Française fut frappé de constater que tous les cahiers de doléance à travers le pays proposaient les mêmes choses au même moment, dans le même style et parfois avec la même écriture. Il souleva donc le tapis et vit que, comme dans toutes les révolutions, grouillaient les «sociétés de pensée», initiatrices exclusives du mouvement. Constituées à l’origine en majorité de courtisans oisifs, ces sociétés badinaient philosophiquement sur les idées de Rousseau jusqu’au jour où, sentant l’hallali possible, elles se mirent à intégrer la haine du roi et de l’absolutisme .

Organisées autour d’un petit noyau très discret mais redoutablement efficace chargé d’élaborer les doléances puis de les présenter au vote d’adhérents «démocratiquement» choisis et professionnellement  approbateurs, il ne leur restait plus ensuite qu’à saisir ordres et corporations séparément pour leur faire adopter la «volonté populaire» «déjà acceptée par tous les autres». Au bout de la chaine, le peuple un peu ahuri opinait. Ne restait plus alors qu’à présenter au Roi cette «volonté», enrobée de compliments cauteleux. La description des élections en Bretagne (180 et ss) est un exemple succulent de ces manipulations.

Cochin analyse ensuite la machinerie des libres-penseurs. Libres car détachés du réalisme et de l’autorité qui sont obstacles; idéologie qui a produit des idées aussi argumentées que des bulles de savon, mais qui mises en application par des exaltés ont fait couler le sang. C’est ainsi que les Jacobins ont créé un «Dieu peuple» éthéré et libre, mais distinct du peuple réel. Partant du postulat qu’il n’y a aucune différence entre les humains ils ont forcé la masse de ceux qui les détrompaient à être libres par la guillotine et les massacres.

Cochin étudie ensuite la machine révolutionnaire anti catholique, inéluctable. En effet la religion responsabilise l’humain et l’incite à se perfectionner pour le bien de tous, alors que pour les révolutionnaires l’individu n’existe plus, remplacé par le peuple, et donc tout est permis au nom de celui–ci. Cochin termine par une charge contre les francs-maçons, qui d’après lui ont dévié la Révolution pour arriver à leur but qui est la destruction de la civilisation.

Ce livre, copieux et très argumenté fut guillotiné dès sa parution (1909) par tous ceux qui avaient et ont -encore- intérêt à faire croire que la Révolution est une conquête du peuple d’où est née une aube nouvelle et une France merveilleuse. Ecrit hier il pourrait l’être aujourd’hui ou demain rien ne pouvant changer dans une démocratie du nombre. Mais au moins, le lecteur, éclairé, pourra «refuser de brûler de l’encens devant la statue de l’empereur».

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